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Guinée/ Réchauffement climatique : voyage au cœur d’un désastre écologique silencieux

Je reviens d’un séjour au centre de la République de Guinée, plus précisément dans la ville de Dabola, située à 416 kilomètres de la capitale, Conakry. Je m’y suis rendu vendredi dernier pour des raisons purement sociales. Ce déplacement de 832 kilomètres aller-retour m’a ouvert les yeux sur une réalité alarmante : le réchauffement climatique est en marche dans notre pays. Si rien n’est fait, la sécheresse engloutira bientôt ce que nous appelons fièrement le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest.
À Dabola, j’ai été frappé par une chaleur suffocante. Il fait si chaud qu’il est quasiment impossible de dormir la nuit. Seul le petit matin, lorsque le vent froid balaie la ville jusqu’aux environs de 9 heures, offre un semblant de répit. Cette situation n’est découle des agressions répétées de l’homme contre la nature.
Le long de la RN1 reliant Conakry à Dabola, le constat est aussi triste qu’effrayant. Sacs de charbon, fagots de bois morts empilés pour la vente… on dirait une vaste foire forestière à ciel ouvert. Et cela, sous le regard indifférent de tous, y compris des services censés protéger notre patrimoine forestier. À cela s’ajoutent les feux de brousse récurrents, véritables fléaux dévastateurs pour la biodiversité et les écosystèmes.
Interrogés, les habitants des villages traversés n’ignorent pas les conséquences de ces pratiques. Ils savent qu’en détruisant les arbres, ils chassent la pluie, assèchent les cours d’eau et appauvrissent la terre. Mais, disent-ils, ils n’ont pas le choix. Pour survivre, ils sont contraints de couper du bois, de le vendre en fagots ou transformé en charbon, afin de faire face à des charges sociales devenues insupportables dans un contexte économique morose.
Les conséquences sont déjà là : les rivières tarissent, la pluie se fait rare et les forêts dépérissent. Nos barrages hydroélectriques, qui dépendent directement de l’état de nos ressources en eau, subissent de plein fouet ces impacts.
Il est temps d’agir. Il est urgent que les autorités en charge de l’environnement, les acteurs de la société civile, les partenaires techniques et financiers, ainsi que chaque citoyen conscient de l’importance de préserver notre écosystème, se mobilisent. Il faut mettre un terme à ces pratiques destructrices, proposer des alternatives durables aux populations rurales et appliquer strictement les lois de protection de l’environnement.
La Guinée ne doit pas perdre son statut de château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Ce combat, nous devons le mener dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Par Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste du retour de Dabola

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