À moins de 72 heures de la célébration de l’Aïd El-Fitr, ou fête de Ramadan, les marchés et autres grands espaces publics de Conakry sont envahis par une foule de clients et de petits “débrouillards”.
L’effervescence, bien que normale en cette période, s’accompagne malheureusement de pratiques douteuses. L’escroquerie, l’arnaque, et autres actes malhonnêtes sont monnaie courante, notamment au grand marché de Madina, qui devient presque un terrain de jeu pour les malfrats.
Le cas de Mariama Kesso Barry illustre parfaitement cette réalité inquiétante. Dès son arrivée au marché, elle s’est fait arracher son portefeuille par un voleur. Malgré ses cris d’alarme, celui-ci a disparu dans la foule avec son argent et ses papiers. Mariama, en larmes et désemparée, s’exclame : « Je suis foutue ! L’argent des gens. Que vais-je faire ? Mon Dieu, aide-moi ! ».
Les passants tentent de la réconforter, mais l’impact de l’acte est profond. Un jeune homme, plein de bonne volonté, essaie de poursuivre le malfrat. En vain, ce dernier s’étant déjà volatilisé dans la marée humaine. Cette scène poignante révèle une insécurité croissante et l’impuissance des victimes face à des voleurs devenus maîtres dans l’art de disparaître.
Non loin de là, une autre tentative de vol met en lumière la témérité des malfrats. Un homme essaye de glisser sa main dans le sac d’une vendeuse, mais surpris en plein acte, il est immédiatement confronté à une tempête d’insultes. La vendeuse, furieuse, s’écrie : « Gnangamadi ! Baré ! », des insultes locales signifiant « bâtard » et « chien ». La scène est bruyante, mais elle révèle une frustration collective, accentuée par le manque de réaction de la police. Les critiques fusent de toutes parts : « Il n’y a pas de sécurité dans ce marché. Les policiers ne font rien pour lutter contre ces malfrats. Tout ce qu’ils savent faire, c’est nous prendre de l’argent. Même si tu amènes un voleur là-bas, il sera relâché dès qu’il leur donnera de l’argent. Eux-mêmes sont des voleurs ! ».
Ces témoignages traduisent une lassitude et une perte de confiance envers les autorités.
Plus loin, à l’endroit nommé Bordeaux, le marché noir s’expose sans gêne. Des vendeurs proposent des téléphones portables à des prix défiant toute logique. Un appareil Tecno ou Samsung, normalement vendu à 1 500 000 francs, est proposé ici pour seulement 500 000 francs. Quand on questionne l’un des vendeurs sur la provenance des téléphones, il rétorque sèchement que cela ne nous regarde pas et nous demande de quitter les lieux. Cette agressivité reflète une clandestinité assumée, où la peur d’être pris semble bien moindre que l’envie de profiter de l’absence de contrôle.
Ce marché, pourtant vital pour la ville, devient un terrain miné où la vigilance est de mise. Entre la foule compacte, les malfrats rôdent, prêts à profiter de la moindre distraction pour frapper. Il est impératif de marcher les yeux grands ouverts : un instant d’inattention et vous pourriez perdre vos biens.
Amadou Mouctar Diallo
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