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AHMED SEKOU TOURE, UN HOMME, UN DESTIN, UNE VISION

26 mars 1984 – 26 mars 2025, déjà 41 ans depuis que le fondateur de la nation guinéenne, père de l’indépendance, s’est éteint dans un hôpital américain à Cleveland, dans l’État de l’Ohio.

Ce jour-là, notre pays a subi l’un des chocs les plus terribles de son histoire. Il n’a pas été facile d’annoncer une telle nouvelle au vaillant peuple de septembre, tant son amour pour son président était fort. Il a fallu du temps pour croire à la mort du timonier, car, de son vivant, une légende s’était tissée autour de sa personne. On le croyait immortel ou, du moins, qu’il allait disparaître sans que personne ne puisse dire un jour : « Voici l’ancien président de la Guinée » ou « Voici le corps du responsable suprême de la révolution ». Par la force des événements, cette légende semble respectée, tant le flou réside encore dans la mémoire des gens.

Il est important aujourd’hui de faire une réminiscence sur la vie de cet homme singulier dans l’histoire du continent africain. Aucun de ses pairs n’aura le privilège de l’égaler. Il a été et restera de loin supérieur à tous les hommes politiques de son temps. Sa mémoire mérite d’être respectée pour tous les services rendus à sa patrie et à l’Afrique.

– Qu’on le veuille ou non, le Président Ahmed Sékou TOURE est le père fondateur de la nation guinéenne. Par sa témérité et sa clairvoyance, il a insufflé à son peuple un nouvel élan de patriotisme, le poussant à croire en sa force et à refuser le complexe d’infériorité. Grâce à lui, le peuple de Guinée a acquis une fierté qui lui a permis de construire sa personnalité et son identité dans le contexte d’alors.

– Il a osé dire NON au colonisateur, notamment au Général De Gaulle, qui était à l’époque une personnalité charismatique et respectée de la métropole française. Les autres chefs ont manqué de courage. L’histoire lui donnera raison, car leurs pays accéderont eux aussi plus tard à la souveraineté nationale.

Son NON au colonialisme français lui a valu toutes les rivalités possibles, jusqu’à l’ultime agression du 22 novembre 1970. Ses adversaires, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ont tissé une toile géante de conspiration contre lui durant tout son règne. C’est ce qui sera appelé le complot permanent, que certains esprits refusent de reconnaître malgré le mea culpa de ceux-là mêmes qui en ont été les instigateurs.

– Malgré tout, il a créé pour son peuple les conditions d’un développement harmonieux de la nation guinéenne : des unités industrielles à travers tout le pays, son souci pour l’autosuffisance alimentaire avec la création des BAP, BMP et FAPA, ainsi que des milliers de tracteurs mis à la disposition du peuple pour matérialiser sa politique agricole. Il a permis aux enfants de familles modestes d’étudier et d’obtenir des doctorats à l’étranger. La gratuité des fournitures scolaires, la prise en charge par l’État de tous les besoins de l’école et l’orientation de la formation en rapport avec le modèle de société ambitionné témoignent de sa vision.

Pour tout Guinéen consciencieux, nous avons tous une obligation de reconnaissance envers cet homme qui a fait de nous ce que nous sommes réellement. À son époque, ce régionalisme qui cloisonne aujourd’hui notre société n’existait pas. Tous les jeunes Guinéens étaient frères et sœurs, si soudés qu’on pouvait dire qu’ils étaient des frères utérins.

Le moral révolutionnaire, véritable creuset où était façonnée la jeunesse, préservait nos valeurs culturelles en luttant contre la dépravation des mœurs et la délinquance juvénile. Qu’il est triste de voir aujourd’hui ce qui se passe dans notre pays sur ce plan. Nous sommes plus que déracinés, devenus des hybrides culturels.

La jeune génération, très mal informée sur notre histoire, se perd dangereusement dans des considérations subjectives erronées issues de l’imaginaire d’une certaine catégorie de Guinéens. Par mépris, on le traite de tout, foulant au sol le combat qu’il a mené pour nous conduire courageusement à l’indépendance. Nous avons entendu des Guinéens dire que l’indépendance a été une grosse erreur pour notre pays. Pour eux, nous aurions dû continuer à vivre sous le joug colonial, dans la servitude et l’humiliation. Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage. Cette phrase, désormais historique, identifiera notre peuple jusqu’à la fin des temps.

Dans tous les pays du monde, on accorde une considération au père de l’indépendance. C’est triste de voir certains Guinéens traîner dans la boue la mémoire de ce grand homme, celui qui fut porte-parole de la cause africaine, celui devant qui tremblaient les impérialistes, les colonialistes noirs et blancs. On se souvient comme si c’était hier du sens, de la profondeur, du ton et de la vivacité de ses envolées oratoires. Il flétrissait les ennemis du peuple, magnifiait et glorifiait son peuple, pour lequel il a consacré toute sa vie et tout son combat.

Dieu étant justice, nous avons tous vu la fin de cet homme, une fin douce et honorable. Aucun de ses ennemis n’a eu raison de lui. Si tout ce qu’on lui reproche était vrai et fondé, il n’aurait jamais eu une telle fin. Nous avons vu la fin tragique de certains grands de ce monde, comme pour dire que le péché se paie dans ce monde ici-bas.

Les détracteurs n’en veulent pas seulement à feu Ahmed Sékou TOURE. Ils ont bavé sur le Général Lansana CONTE, sur le Capitaine Dadis, sur Sékouba KONATE et maintenant sur le Pr. Alpha CONDE. Les éternels insatisfaits trouveront toujours le contraire de ce que pense la majorité. Ce que nous devons jalousement sauvegarder, c’est notre histoire. Ayons le courage de dire la vérité à la jeune génération pour qu’elle sache ce qui s’est réellement passé. Placés dans les mêmes conditions, ces apôtres de la démocratie feraient pire que Sékou Touré. Il est facile de dénoncer la dictature de l’homme, mais il n’est pas facile de reconnaître une traîtrise teintée d’hypocrisie.

Que l’âme de cet illustre disparu repose en paix et que les portes du paradis lui soient grandement ouvertes. Jusqu’à la fin des temps, ton peuple se souviendra de toi et, avec l’usure du temps, ceux qui te haïssent finiront par t’aimer, car tu es le père de cette nation et de notre indépendance. Ce mérite est pour toi seulement, chose qui ne peut être modifiée ni dénaturée. Ah Fama, ton peuple te regrette, car tu as incarné ses nobles vertus, tu lui as donné l’essentiel : sa personnalité.

Gloire au peuple
Honneur au peuple
Victoire au peuple

Pour toujours, notre peuple se souviendra de toi !

Paix à ton âme.

 

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